Femme assise à une table avec son ordinateur, qui a réussi sa reconversion professionnelle après une carrière en tant qu'infirmière.

Des chambres d’hôpitaux au son des podcasts | Témoignage de la reconversion d’une infirmière devenue podcast manager et assistante virtuelle

Pour Émeline, le port de la blouse blanche était une évidence. Pourtant, quelques années auront suffi à lui montrer la dissonance entre ses attentes et ses mauvaises expériences. Elle affectionnait les personnes âgées de son lieu de travail et le domaine du soin. Mais ça ne suffisait pas ! Émeline a décidé de privilégier sa vie personnelle et sa propre santé. En 2022, elle s’est lancée dans un changement de métier pour renouer avec l’épanouissement professionnel égaré sur son chemin.

Découvrez le témoignage de la reconversion de cette ancienne infirmière, aujourd’hui assistante virtuelle et podcast manager. Un parcours ponctué d’impasses et de doutes pour une issue heureuse et épanouissante.

Quel est le témoignage de ta reconversion en tant qu’infirmière ? Comment l’es-tu devenue ?

Je n’imaginais pas mon avenir professionnel dans une autre tenue que la blouse blanche. Depuis mon enfance, je voulais soigner et aider les autres. Je souhaitais devenir infirmière.

Arrivée à l’âge adulte, j’ai passé une quinzaine de concours infirmiers entre 2012 et 2015. Je l’ai raté plusieurs fois aux passages des oraux. De nature discrète et timide, j’ai peiné à exposer mon intérêt pour ce métier ! Mais ma persévérance a fini par payer. J’ai obtenu une entrée en école d’infirmières (IFSI) en 2015.

En 2019, j’ai obtenu mon diplôme et j’ai choisi un EHPAD comme établissement de santé pour faire mes premières armes. Je tenais à m’occuper des personnes âgées. Un public que j’affectionnais beaucoup.

Une fois infirmière, que s’est-il passé dans ton quotidien professionnel ?

Au départ, j’étais très heureuse d’intégrer enfin ce « métier passion ». J’adorais le contact avec les personnes âgées et le poste était idéal.

Après quelques mois dans le service, j’ai rencontré des difficultés avec une collègue infirmière en particulier. Nos relations se sont détériorées.

De nature gentille et discrète, je n’apprécie pas les vagues. J’ai beaucoup pris sur moi, malgré des remarques désobligeantes et une ambiance difficile.

L’année suivant mon diplôme, je commençais à ne pas me sentir à l’aise dans mon service, auprès de mes collègues soignants et de ma cadre de santé. Je peinais à me détacher de la situation et à prendre du recul.

En juin 2021, j’ai eu un burn-out et je suis tombée en dépression. Après quelques mois de pause, j’ai saisi l’opportunité de changer de poste d’infirmière pour donner un nouvel élan à ma vie professionnelle. J’étais toujours entourée de personnes âgées, mais je n’étais plus dans le même service de soins.

Très humaine, j’ai toujours placé le résident en haut de mes priorités. Son bien-être et sa santé avant tout. Je n’ai pas modifié la qualité de mes soins et ma façon de voir mon métier d’infirmière dans ce nouveau service ! Mais j’étais la petite nouvelle. La personne avec une manière différente de procéder aux soins infirmiers. J’étais surveillée du début à la fin de ma prise de poste. Très rapidement, j’ai ressenti un décalage entre mes attentes et la réalité du terrain.

Quel déclic t’a poussé à vouloir te reconvertir ?

J’étais parfois appelée sur mes jours de vacances. Si je ne venais pas, mon interlocuteur savait me faire culpabiliser. Souvent, je travaillais 12 heures pour un contrat prévu à 7 heures 30. Je faisais des heures supplémentaires non rémunérées. Au bout de seulement trois ans, j’étais fatiguée et épuisée.

Durant la même période, j’ai appris que j’étais atteinte d’endométriose. J’ai échangé avec la médecine du travail et j’ai été placée à mi-temps. Malgré une grande affection pour les personnes âgées, je ne supportais plus mes relations avec mes collègues infirmières.

Je n’avais plus de vie personnelle. Je ne voyais plus mes proches. Je ne voulais plus de cette vie-là. Le manque de reconnaissance, la grosse charge de travail et les rapports compliqués avec les soignants m’ont poussée vers la porte de sortie.

J’ai traîné mon burn-out et ma dépression pendant plusieurs mois. J’essayais de me convaincre d’un avenir professionnel meilleur avec des « ça va aller » ou des « ça va passer ». Mais j’ai pris conscience de plusieurs choses. J’ai 28 ans et je fais mon métier de rêve, mais je ne suis pas heureuse. « Si tu es malheureuse à cet âge-là, comment vas-tu tenir jusqu’à la fin de ta carrière professionnelle ? Si tu continues, tu vas te bousiller la santé ». Le voilà, mon déclic !

Découvrez aussi 4 autres témoignages de reconversion inspirants et motivants.

Comment as-tu défini ton changement de projet professionnel ?

En janvier 2022, j’ai réalisé un bilan de compétences avec l’aide du Compte Personnel de Formation (CPF). Mon souhait était de changer de métier, mais je me suis toujours vue infirmière en blouse blanche. Je n’avais aucune idée de réorientation !

Prendre soin des autres et donner de ma personne étaient mes deux objectifs pour ce changement de vie. Accompagnée d’une consultante en bilan de compétences, j’ai effectué plusieurs tests. Nous avons fait le point sur mes passions et mes centres d’intérêt. J’ai dressé la liste de ce que je voulais et de ce que je ne souhaitais plus. Sans surprise, les métiers d’infirmière et d’aide-soignante ressortaient, mais ils n’étaient pas tout seuls. Celui d’assistante virtuelle freelance s’est présenté à moi.

Après plusieurs jours de réflexion, j’ai fait le choix de créer mon propre concept. Celui d’être l’infirmière des entrepreneures. Je continue à prendre soin des autres en aidant les indépendantes à gagner du temps dans leurs tâches. L’entrepreneuriat me permettait aussi de gérer ma maladie et de me préserver.

En juillet 2022, j’ai profité de quelques semaines de convalescence après une opération pour me lancer dans une formation. J’ai choisi de me former au métier d’assistante digitale auprès de Sandy Verdure.

Angoissée à l’idée de retourner dans mon service, j’ai demandé ma rupture conventionnelle en septembre 2022. Elle a été acceptée en décembre et je n’ai pas perdu de temps. Dans la foulée, j’ai ouvert ma microentreprise et je suis devenue assistante virtuelle spécialisée dans le podcast dès la fin de l’année 2022.

Une femme souriante devant son ordinateur, illustrant la reconversion réussie d'une infirmière en podcast manager et assistante virtuelle.

Quelles ont été tes plus grandes difficultés dans ton parcours de reconversion en tant qu’infirmière ?

Le plus dur pour moi a été de faire le deuil d’un « métier passion ». Devenir infirmière était un rêve de petite fille. J’ai passé beaucoup de temps à peser le pour et le contre. J’ai retourné la situation dans tous les sens plusieurs fois pour faire mon choix. C’était mon métier de rêve, mais un milieu dans lequel je n’étais pas heureuse.

Les retours de ma famille n’ont pas été toujours évidents. Pour elle, j’avais persévéré à obtenir le concours et à me former au métier d’infirmière. Je ne pouvais pas « tout lâcher » ni me reconvertir. L’entrepreneuriat les effrayait. Je n’avais plus la sécurité de l’emploi promise par la fonction publique et le milieu hospitalier. Mes proches avaient peur pour moi et pour ce changement de vie.

Ma confiance en moi a été challengée. Je n’avais pas le droit à l’erreur. Nous venions de faire un achat immobilier avec mon conjoint, infirmier libéral. Pour être sereine sur l’aspect financier, je devais obtenir ma rupture conventionnelle.

D’ailleurs, j’ai essuyé les avis défaitistes des collègues soignants et de ma cadre de santé sur la rupture conventionnelle. Pour eux, c’était difficile à obtenir dans la fonction publique. Ma demande me provoquait du stress et de l’anxiété. Mais pendant cette période difficile, je suis tombée sur une médecin du travail très compréhensive. Elle comprenait l’incompatibilité entre ma fonction, mon poste et cette maladie, elle-même atteinte d’endométriose.

Comment les as-tu surmontées ?

Je ne supportais plus le fait de me voir mal à cause de personnes extérieures. Alors, je me suis secouée ! Je me suis remise en question pour avancer et pour accepter mon changement de vie. Il était temps pour moi de laisser ma blouse blanche d’infirmière dans le casier de l’EHPAD.

Le bilan de compétences a été d’un grand soutien. Après une vraie introspection, j’ai décelé mes forces et mes atouts. Ce dispositif m’a conforté dans mon choix. Il m’a permis d’être beaucoup plus confiante à l’idée de changer de métier. Encore aujourd’hui, je remercie ma consultante. J’ai été très bien accompagnée pour accepter ma reconversion. Seule, je ne sais pas si je serais parvenue à me lancer et à croire en moi.

Malgré leurs peurs et leurs appréhensions, mes proches et mon conjoint ont soutenu mon projet. Ils ont aussi été d’une grande aide.

L’acceptation de ma rupture conventionnelle a été libératrice. Je me suis délestée d’un gros poids indescriptible. Je me suis sentie libre comme jamais. J’ai pu laisser derrière moi toutes ces années compliquées pour construire la suite. J’avais besoin de ce coup de boost pour avancer vers mes nouveaux projets professionnels !

Depuis ta reconversion, comment te sens-tu ?

Je revis. Je me sens beaucoup mieux et je suis très heureuse. Grâce à mon métier d’assistante virtuelle, j’exerce depuis chez moi. Je peux gérer mon emploi du temps comme je le souhaite.

Du côté de la gestion de ma maladie, c’est ce dont j’avais besoin. Mes gardes et mon travail nourrissaient mon stress et mon anxiété. Depuis ma reconversion, mes crises s’atténuent. Aujourd’hui, je peux adapter mes journées aux périodes compliquées. Je ne m’inquiète plus à l’idée d’être obligée de rester clouée au lit. Je vis ma maladie avec plus de sérénité.

Ce choix de vie a été libérateur et pour rien au monde, je ne ferais un retour en arrière.

Quels conseils donnerais-tu à un·e infirmier·ère en reconversion ? Ou à toute autre personne qui souhaite changer de vie professionnelle ?

À tous les infirmiers qui me lisent et qui ressentent une envie de changer de métier : Foncez ! Allez-y. Ce n’est pas évident de lâcher un « métier passion ». Nous ne nous voyons pas forcément faire autre chose. Pourtant, les bilans de compétences peuvent nous ouvrir les yeux sur un tas d’autres opportunités.

De mon côté, il a été d’une aide précieuse pour apprendre à me connaître et à comprendre mes centres d’intérêt dans la vie. Il m’a aidé à trouver un métier en accord avec ma personnalité, mes forces, mes compétences et mes envies. Par ailleurs, il m’a permis d’envisager d’autres possibilités pour continuer à prendre soin des autres. Seule, je ne les percevais pas.

Si vous avez l’opportunité de vous faire accompagner, foncez les yeux fermés. Sans ce dispositif, je ne ferais peut-être pas ce que je fais aujourd’hui. Nous avons parfois du mal à nous faire accompagner et à accepter de nous faire aider. Ce n’est pas dans notre culture. Mais en réalité, l’accompagnement est le meilleur moyen de nous faire gagner un temps considérable.

J’aimerais aussi ajouter que le changement est un processus. Au début, nous ne voulons écouter personne. Tout nous paraît insurmontable. Mais cette phase est indispensable. Petit à petit, nous prenons conscience que le meilleur est à venir. Ce n’est pas joyeux tous les jours, mais ces moments apportent beaucoup de leçons de vie.

→ À lire aussi : Le guide complet en 9 étapes pour un projet de reconversion professionnelle réussi.

Si tu devais choisir une phrase inspirante et motivante pour donner envie aux autres personnes de sauter le pas, que dirais-tu ?

Nous n’avons qu’une vie. Il faut en profiter. Il faut oser.

Nous vivons beaucoup trop de complications au quotidien pour ne pas être heureux dans notre métier. Le travail prend beaucoup de place. Nous y passons le plus clair de notre temps. Si nous pouvons avoir la chance de le choisir et d’exercer dans un secteur épanouissant, il ne faut pas se priver.

Je voudrais aussi partager le fait de ne pas considérer cette période compliquée comme un échec. C’est important. Cette phase est importante pour nous permettre d’en apprendre davantage sur soi et sur la vie. Sans elle, nous ne pouvons pas reconnaître ce que nous voulons et ce que nous ne voulons plus.

Si c’était à refaire, je recommencerais sans hésiter.

Peux-tu nous dire quelques mots sur ton métier actuel ?

Je suis assistante virtuelle et podcast manager. J’aide les entrepreneuses débordées à équilibrer leur vie personnelle et leur vie professionnelle. Je les accompagne à libérer du temps dans leur activité grâce à la délégation de leurs tâches. Elles me confient les missions de leurs choix pour se concentrer sur leur zone de génie.

Mon petit truc à moi ? Les podcasts. Je propose différents packs pour aider les entrepreneurs à lancer et à monter leurs épisodes.

Où peut-on te retrouver ?

Je partage essentiellement du contenu sur Instagram et LinkedIn. Vous pouvez aussi me retrouver sur mon site Internet.

Le bilan de compétences a été révélateur dans le parcours professionnel d’Émeline ! Sans celui-ci, elle n’aurait pas vu la lumière sur d’autres opportunités professionnelles pour sa reconversion d’infirmière. À votre tour ? Découvrez cet accompagnement personnalisé et individuel en 3 étapes pour révéler votre potentiel. Votre nouvelle vie professionnelle vous tend les bras !

Virginie BARAZER dirigeante de CLADE Consulting

CLADE Consulting

On vous accompagne à vous épanouir professionnellement et à trouver votre voie.

Laisser un commentaire